Paul Cézanne à Émile Bernard, 23 octobre 1905

«....vous ressasser, sans doute un peu trop, l'obstination que je mets à poursuivre la réalisation de cette partie de la nature, qui, tombant sous nos yeux, nous donne le tableau. Or, la thèse à développer est — quel que soit notre tempérament ou forme de puissance en présence de la nature — de donner l'image de ce que nous voyons, en oubliant tout ce qui apparut avant nous. Ce qui, je crois, doit permettre à l'artiste de donner toute sa personnalité grande ou petite.
Or, vieux, soixante-dix ans environ, les sensations colorantes qui donnent la lumière sont chez moi cause d'asbtractions qui ne me permettent pas de couvrir ma toile, ni de poursuivre la délimitation des objets quand les points de contact sont ténus, délicats; d'où il ressort que mon image ou tableau est incomplète.»

Extrait de : Paul Cézanne, Correspondance. Ed. J. Rewald. Paris, Bernard Grasset, 1978, pp. 314-315.